Les femmes enceintes manquent-elles de vitamine D ?

Publié par Adrien le 11/03/2019 à 08:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Les protocoles expérimentaux et les méthodes d'analyses utilisés dans les études sur la vitamine D chez les femmes enceintes sont trop disparates pour qu'on puisse formuler des recommandations formelles sur la posologie de cette vitamine pendant la grossesse.
La disparité qui caractérise les études menées sur la question rend toute conclusion hasardeuse

Les femmes enceintes ont-elles suffisamment de vitamine D dans leur organisme pour satisfaire leurs besoins et ceux de leur enfant pendant toute la grossesse ? Étonnamment, même si les études sur le sujet abondent, il est encore difficile de répondre clairement à cette question. La raison ? Les protocoles expérimentaux et les méthodes d'analyses utilisés dans ces études sont trop disparates pour qu'on puisse tirer des conclusions formelles, rapportent une équipe de l'Université Laval dans un article publié par l'International Journal for Vitamin and Nutrition Research.

Claudia Savard et Anne-Sophie Morisset, de l'École de nutrition, de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) et du Centre de recherche du CHU de Québec - Université Laval, et Claudia Gagnon, de la Faculté de médecine, de l'INAF et de l'Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec, ont passé en revue 198 études publiées entre mai 1976 et mars 2017 au sujet du statut en vitamine D des femmes enceintes. Leurs constats peuvent se résumer en un mot: disparité.

L'un des principaux problèmes relevés par les chercheuses réside dans l'ambiguïté entourant les valeurs seuils d'insuffisance ou de carence en vitamine D. Dans 43% des études analysées, on considérait qu'il y avait insuffisance lorsque la concentration sanguine de 25-hydroxyvitamine D - la forme active de cette vitamine dans l'organisme - était inférieure à 75 nmol/L. Toutefois, dans 19% des études, ce seuil était de 50 nmol/L et dans 32% des études, il n'était pas précisé. Les chercheuses ont noté un flou similaire pour les seuils de carence en vitamine D.

Autre problème, dans 87% des études, la concentration sanguine de vitamine D n'a été mesurée qu'une fois pendant toute la grossesse. Dans la moitié des cas, ces mesures sont réparties à peu près également entre chaque trimestre. Dans l'autre moitié, elles ont été prises au moment de l'accouchement ou dans les trois jours suivants. "On ne sait pas encore comment le statut en vitamine D évolue pendant la grossesse, souligne la doctorante Claudia Savard, qui est également nutritionniste. Considérant les changements hormonaux qui surviennent pendant la grossesse, surtout au moment de l'accouchement, les mesures uniques pourraient ne pas être représentatives du statut en vitamine D d'une femme pendant sa grossesse. Il serait important de documenter cette valeur à chacun des trimestres."

Sur le plan technique, les chercheuses notent que, dans les 198 études analysées, la concentration sanguine en vitamine D a été établie à l'aide de six méthodes différentes. Seulement 21% d'entre elles ont fait appel à la méthode considérée aujourd'hui comme l'étalon d'or pour la vitamine D. Cette méthode est plus coûteuse, mais c'est la seule qui permet de mesurer la forme active de la vitamine D, signale l'étudiante-chercheuse.

Enfin, dans 36% des études, les auteurs n'ont pas tenu compte des covariables affectant le statut en vitamine D, par exemple l'âge de la mère, l'indice de masse corporelle, la couleur de la peau, le lieu de résidence et l'exposition au soleil. "Le résultat est que l'on peut surestimer ou sous-estimer la force des relations entre la vitamine D et certains problèmes de santé comme le diabète de grossesse ou la prééclampsie", soutient Claudia Savard.

Les disparités dans les études portant sur le statut en vitamine D chez la femme enceinte font qu'il est difficile d'avoir un portrait précis de la situation. "Il faudrait davantage d'études qui font appel aux meilleures méthodes et aux protocoles normalisés, qui reposent sur des mesures prises tous les trimestres et qui tiennent compte des covariables pouvant influencer le statut en vitamine D des femmes enceintes. Il faudrait aussi que la communauté scientifique s'entende sur la question des seuils d'insuffisance et de carence en vitamine D", résume l'étudiante-chercheuse.

D'ici là, que conseille-t-elle aux futures mamans ? "Alimentez-vous bien, mangez beaucoup de fruits et légumes, prenez la multivitamine recommandée aux femmes enceintes et, comme le suggère Ostéoporose Canada à tous les adultes, prenez quotidiennement un supplément de vitamine D."

Rappelons que la vitamine D intervient dans l'absorption du calcium, du magnésium et du phosphore et qu'elle joue un rôle essentiel dans la santé des os et des muscles. On la retrouve dans certains aliments, mais elle peut aussi être synthétisée par l'organisme. Il faut toutefois s'exposer aux rayons UVB du soleil pour que cette synthèse ait lieu.

Les protocoles expérimentaux et les méthodes d'analyses utilisés dans les études sur la vitamine D chez les femmes enceintes sont trop disparates pour qu'on puisse formuler des recommandations formelles sur la posologie de cette vitamine pendant la grossesse.
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