Faire le pont... en bois

Publié par Isabelle le 31/05/2011 à 12:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Les ouvrages de bois peuvent être très durables comme en témoigne le pont de la chapelle de Lucerne, en Suisse, construit en 1333.
Photo: Wojsyl
Le retour des ponts de bois est amorcé en Europe, mais le Québec tarde à emboîter le pas.

En France, en Suisse et en Allemagne, le bois fait un retour en force comme matériau de construction des ponts, mais cet engouement peine à traverser l'Atlantique. Pourtant, la matière première est abondante et il ne manque pas de plans d'eau à franchir, a souligné Pascal Triboulot, directeur honoraire de l'École nationale supérieure des technologies et industries du bois de France et professeur invité à l'UQAC, lors du Colloque sur la progression de la recherche québécoise sur les ouvrages d'art. Cet événement, organisé avec le concours de Josée Bastien et Marc Jolin du Département de génie civil, a réuni 300 personnes au pavillon Maurice-Pollack le 10 mai.

Ce manque d'enthousiasme pour l'utilisation du bois dans les ouvrages de franchissement est d'autant plus surprenant que ce matériau répond parfaitement aux préoccupations de notre époque. "En Europe, ce sont les questions environnementales et les analyses des cycles de vie des matériaux qui ont suscité ce renouveau d'intérêt pour le bois, a rappelé le conférencier. Le bois est un matériau renouvelable, écologique et esthétique. De plus, contrairement au métal et au béton dont la fabrication provoque l'émission de gaz à effet de serre, le bois capte et immobilise du CO2 pendant sa production."

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les ponts de bois peuvent durer très longtemps, a-t-il rappelé, citant en exemple le pont fortifié de la chapelle de Lucerne. Construit en 1333, cet ouvrage qui mesure 204 mètres de long résiste toujours aux outrages du temps. "Lorsqu'on utilise le bois, il faut réaliser la conception de l'ouvrage en fonction des caractéristiques spécifiques de ce matériau. L'eau est l'ennemi du bois et il faut prendre des mesures pour le protéger de la pourriture. Il faut aussi tenir compte du fait que le bois peut gonfler, se rétracter et se fissurer."

Pendant des siècles, le bois a été le matériau de prédilection pour la construction des ponts en Europe et en Asie. L'arrivée de l'acier et du béton l'a toutefois relégué aux oubliettes jusqu'à ce qu'on découvre que ces matériaux "modernes" présentent aussi eux aussi des inconvénients. De plus, les progrès en génie du bois ont repoussé les limites de conception autrefois imposées par la taille des arbres. Les assemblages de bois en lamellé-collé dépassent maintenant un mètre de section.

En 1985, le professeur Triboulot faisait partie de l'équipe qui a mis sur pied l'École nationale supérieure des technologies et industries du bois à Épinal en France. "Nous nous étions inspirés de deux modèles: une école allemande de génie du bois et la Faculté de foresterie de l'Université Laval. Nos programmes attirent maintenant près de 350 étudiants alors que le programme de génie du bois de l'Université Laval a plus de difficulté à recruter. Étrangement, les préoccupations environnementales ont amené les étudiants français à s'intéresser à la forêt, alors qu'au Québec, ces mêmes préoccupations ont détourné les jeunes des programmes d'études liés à l'utilisation des ressources forestières."

La Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique entend bien faire sa part pour valoriser le bois comme matériau de construction pour les ponts. Une annonce à cet effet devrait être faite au cours des prochaines semaines.
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