Facebook n'est pas pour les jaloux !

Publié par Adrien le 25/01/2019 à 08:00
Source: Université de Montréal
1
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)

L'utilisation soutenue de Facebook pourrait exacerber le sentiment de jalousie dans le couple. "Nous avons observé une hausse significative des gestes de violence intime entre partenaires lorsque le réseau social suscite de la jalousie", commente Marie-Ève Daspe, professeure au Département de psychologie de l'Université de Montréal et auteure principale de deux études dont les résultats ont paru en septembre 2018 dans Cyberpsychology, Behavior, and Social Networking.


Facebook n'est pas recommandé pour les personnes qui ont tendance à être jalouses. Crédit: Getty

Par "geste de violence intime", elle fait référence à ce que l'Organisation mondiale de la santé définit comme "tout comportement au sein d'une relation intime qui cause un préjudice physique, psychologique ou sexuel à la relation, y compris des actes d'agression physique, de coercition sexuelle, de violence psychologique et de comportements de contrôle". "Quand un seul des partenaires a tendance à être jaloux, la situation peut demeurer sans gravité, mais, quand les deux sont jaloux, elle peut devenir explosive", résume la chercheuse au cours d'une entrevue.

À partir d'un échantillon de 92 jeunes (46 couples), Mme Daspe et ses collègues (Marie-Pier Vaillancourt, à l'époque de l'Université du Québec à Trois-Rivières [UQTR] et aujourd'hui rattachée à l'UdeM; Yvan Lussier, de l'UQTR, et Stéphane Sabourin, de l'Université Laval) ont noté que plus Facebook occupe de place dans les temps libres des utilisateurs, plus ceux-ci risquent d'être exposés à du contenu qui suscite de la jalousie. On a mesuré chez les sujets le temps d'utilisation de Facebook, la propension à la jalousie quant au contenu relatif à leur partenaire et la violence conjugale qu'ils ont fait subir ou qu'ils ont subie eux-mêmes durant la dernière année. Les résultats démontrent un lien proportionnel entre l'usage du réseau social et le sentiment de jalousie qui, à son tour, augmente les risques de violence.

"Ces résultats indiquent que les comportements en ligne ont des implications significatives pour les conflits hors ligne et l'agression dans les relations intimes", écrivent les auteurs.

L'intimité en public

Mme Daspe explique que les réseaux sociaux affichent publiquement une part d'intimité qui, auparavant, demeurait dans l'espace privé à moins d'en décider autrement. "Si vous allez prendre une bière avec un collègue après le travail et qu'une mention de cette sortie figure sur une page Facebook, cela pourrait inquiéter votre conjoint. S'il a tendance à être possessif, cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses", dit la jeune professeure entrée en fonction à l'Université de Montréal au moment où paraissait son article.

La professeure Daspe souligne que peu d'études se sont penchées sur l'effet des réseaux sociaux dans les relations de couple. Pourtant, leur présence a une influence indéniable sur la confiance, la communication et l'intimité dans les couples, particulièrement chez les jeunes. La violence et le couple sont des éléments qu'elle a explorés au cours de ses études doctorales à l'Université Laval, puis postdoctorales à l'UQAM et à l'Université de Californie du Sud. Les réseaux sociaux apportent un élément nouveau dans l'établissement d'une relation de confiance entre les partenaires.

Sans vouloir être alarmiste, elle mentionne que les personnes jalouses doivent s'attendre à ce que les réseaux sociaux les exposent à des situations anxiogènes. "Quand une personne met une mention J'aime sur une publication, cela signifie simplement qu'elle l'apprécie. Mais cela peut être interprété de différentes façons..."

Solution éducation

Les auteurs recommandent une meilleure éducation et un dialogue dirigé autour de cette réalité. "Compte tenu de la place grandissante des réseaux sociaux, l'éducation au sujet de leurs retombées négatives est souhaitable, notamment en ce qui concerne la jalousie et la violence conjugale", signalent les auteurs.

Mme Daspe précise qu'à l'époque de la collecte des données, c'est Facebook qui était, de loin, le réseau social le plus populaire auprès des jeunes. Mais d'autres plateformes dont la popularité est en hausse pourraient avoir des répercussions que des études ultérieures devraient mesurer.
Page générée en 0.396 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise