Etudier le noyau atomique du cuivre, pour mieux comprendre le nickel

Publié par Adrien le 12/01/2018 à 00:00
Source: CNRS-IN2P3
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Pour répondre à cette question, deux approches, remarquables pour leur complémentarité, ont été utilisées: une avec les ions ralentis et l'autre avec un faisceau relativiste.

Une équipe internationale à laquelle participe le CSNSM a mesuré avec une très grande précision la masse du noyau du cuivre-79, avec le spectromètre Isoltrap installé au Cern. Tandis qu'une autre équipe internationale dont l'IPNO fait partie a réalisé le premier spectre d'excitation du cuivre-79 à l'aide d'une réaction knock-out avec protons au RIKEN, au Japon.


À gauche: masses comparées des différents isotopes du nickel et du cuivre.
À droite: schéma de remplissage des couches énnergétiques selon le modèle PFSDG-U © DR

Afin d'interpréter les résultats de ces deux mesures, des calculs théoriques ont été développés à la fois en France à Strasbourg et à l'Université de Tokyo. Une collaboration entre l'Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC, CNRS/Université de Strasbourg) et l'université de Madrid a permis de révéler la structure "duale" du nickel-78 comme à la fois doublement magique mais avec des modes d'excitations faciles (proches en énergie). L'étude théorique menée par l'université de Tokyo s'est appuyée sur le modèle en couches "Monte-Carlo" effectué sur le super-ordinateur K (2) au RIKEN. Il ressort de cette étude que le noyau du 79-Cu peut être interprété d'une façon simple comme un seul proton de valence autour d'un coeur bien doublement magique de nickel-78 - en accord avec les résultats obtenus à Strasbourg.

Même si le nickel-78 n'est pas tout à fait sphérique, comme les autres noyaux doublement magiques, sa déformation reste très faible. Il semblerait que l'interaction tensorielle, qui dicte le comportement des noyaux plus légers, cède à l'interaction spin-orbite (3) pour les noyaux de masse intermédiaire.

Ces deux méthodes d'études indirectes fournissent des indices que le nickel-78 garderait ses propriétés de noyau doublement magique. Ce résultat renforce notre connaissance des noyaux riches en neutrons situés sur les chemins des processus de nucléosynthèse stellaire.

Notes:

(1) Dans les années 1940, les physiciens et les physiciennes nucléaires constatent que les noyaux ayant un nombre de protons ou de neutrons égal à 2, 8, 20, 28, 50, 82 et 126 ont une énergie de liaison plus grande que celle de leurs voisins les plus proches. Autrement dit, ils sont beaucoup plus stables que tous les autres. De tels noyaux ont alors été appelés "noyau magique". Mais lorsque les nombres de neutrons et de protons correspondent aux chiffres cités plus haut, le noyau est dit "doublement magique" et sa stabilité est accrue.

(2) Le K computer produit par Fujitsu au RIKEN, est un puissant superordinateur pouvant atteindre 10,51 pétaFLOPS.

(3) L'interaction spin-orbite, qualifie toute interaction entre le spin d'une particule et son mouvement. En physique nucléaire elle est responsable des grandes caractéristiques du modèle en couches, en particulier les nombres magiques.
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