L'écho de la formation de la barre stellaire dans notre Galaxie capturé par Gaia

Publié par Redbran le 01/03/2019 à 14:00
Source: Observatoire de Paris
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De nouvelles simulations numériques de la formation de la barre dans la Voie lactée, effectuées par des astronomes de l'Observatoire de Paris, montrent qu'il est possible d'expliquer les spirales dans l'espace des phases récemment découvertes par Gaia. Ces spirales se développent spontanément à partir d'oscillations verticales provoquées par la formation d'un bulbe en cacahuète. Lorsque des résonances verticales soulèvent les orbites des étoiles dans la barre, pour former le pseudo-bulbe, les oscillations verticales se propagent vers l'extérieur, et sont à l'origine de l'enroulement dans l'espace des phases. Ainsi, il n'est pas nécessaire de faire appel à la perturbation d'un satellite massif pour expliquer le processus de mélange incomplet dans l'espace des phases. La perturbation interne de la barre suffit, et peut durer jusqu'à 3 milliards d'années.

Depuis la publication de son deuxième catalogue, la mission Gaia de l'ESA ne cesse de faire de nouvelles découvertes.


Figure 1: Mouvements verticaux induits dans le disque, à l'époque de formation de la barre. Le panneau du haut montre la force de la barre dans la simulation, en fonction du temps. L'époque de formation de la barre est indiquée par la flèche verte, celle de formation du bulbe à cacahuète par la flèche rouge. Quand la force de le barre est maximale, on voit des perturbations verticales apparaître dans le disque. Elles sont visibles autant dans la hauteur moyenne des étoiles par rapport au disque galactique (panneau du milieu) que dans leur vitesse verticale (panneau du bas). Ces perturbations se propagent pendant des milliards d'années dans le disque. Les différentes courbes dans chaque panneau dépendent de la distance du centre de la galaxie simulée, de 0.5 à 20 kpc.

Une des plus marquantes concerne l'existence de structures particulières dans l'espace des phases, c'est-à-dire dans l'espace qui combine positions et vitesses des étoiles pour décrire leur mouvement. Si on trace la distance au plan galactique des étoiles au voisinage solaire en fonction de leur vitesse dans la même direction, leur distribution dessine une structure spirale. Cela a été jusqu'à présent interprété comme dû à un état de non-équilibre de notre Galaxie, possiblement provoqué par le dernier passage à travers le disque de la galaxie du Sagittaire, le satellite actuellement le plus proche de la Voie Lactée. Le mouvement actuel des étoiles garderait la mémoire de cette perturbation récente.


Figure 2: Spirales dans l'espace des phases révélées par Gaia (à gauche) et détectées dans la simulation (à droite, voir Khoperskov et al 2019). Dans les deux panneaux, la couleur indique la vitesse azimutale moyenne.

Dans un travail publié dans A&A Letters, des chercheurs de l'Observatoire de Paris et du MPE, Garching, ont proposé un scénario différent pour expliquer l'origine de ces structures. Elles constitueraient la trace fossile de la phase de formation de la barre Galactique, quand celle-ci a acquis sa structure caractéristique en forme de cacahouète observée aujourd'hui. Les mouvements radiaux et verticaux engendrés par sa formation se seraient propagés pendant des milliards d'années dans le disque (voir Fig 1) et seraient mesurables aujourd'hui grâce à Gaia (voir Fig 2). Pour montrer cela, cette équipe a réalisé une des simulations à plus haute résolution jamais réalisée de la Galaxie, en modélisant l'évolution de plus de 100 millions de particules dans le disque, pendant plusieurs milliards d'années. Ce travail ouvre nombre de questions et perspectives: est-il possible d'utiliser ces spirales pour dater l'époque de formation de la barre, qui reste encore inconnue dans notre Galaxie ? Et comment démêler les signatures laissées par la formation de la barre de celles induites par le passage de la galaxie du Sagittaire ? Des questions sur lesquelles cette équipe compte travailler dans les mois qui viennent.


Animation (MP4) Khoperskov et al (2019)

Références publications:
- Khoperskov, Di Matteo, Gerhard, Katz, Haywood, Combes, Berczik, Gomez, 2019, A&A, 622, L6
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