Des données historiques mettent en évidence les effets de la pêche sur les réseaux trophiques marins

Publié par Isabelle le 17/01/2019 à 14:00
Source: © Union européenne, [2019] / CORDIS
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La surpêche modifie la composition des communautés de poissons, ce qui peut affecter la manière dont les espèces interagissent les unes avec les autres ainsi qu'avec leur environnement. Mais ce phénomène reste largement inexploré en raison de l'absence de reconstitution des réseaux trophiques passés.

Dans le cadre du programme d'attribution des bourses individuelles Marie Skłodowska-Curie, le projet Horizon 2020 FIMAF, financé par l'UE, a relevé ce défi en examinant l'évolution de la position trophique de trois espèces en réponse aux changements au niveau de la pression exercée par la pêche au cours des 50 dernières années: le lieu noir, le cabillaud et l'églefin.

Ces grands prédateurs vivent dans différents habitats marins. Les chercheurs ont étudié à quel niveau du réseau trophique (position trophique) un poisson se nourrissait et quelle était la source d'énergie (telle que le phytoplancton) à la base du réseau trophique. Les travaux ont été effectués sur le plateau des îles Féroé, dans l'Atlantique du Nord-Est.

Les scientifiques ont utilisé les isotopes stables d'azote et de carbone présents dans les protéines pour déterminer la position trophique du poisson. "La matière organique de la proie est assimilée par le corps du prédateur. La signature isotopique de cette matière organique est également transmise au prédateur, en fonction de la proportion de cette proie dans son régime alimentaire et en fonction du facteur d'enrichissement trophique", explique le professeur Peter Grønkjær, coordinateur du projet.

Une reconstitution des changements à long terme

En raison du manque d'échantillons historiques de tissus mous, les chercheurs ont dû reconstituer la position trophique historique du poisson en procédant à une analyse des isotopes stables sur la quantité infime de protéines contenues dans les structures calcifiées de l'oreille interne du poisson, appelées otolithes. Les otolithes ont été collectés depuis plus d'un siècle dans le cadre d'enquêtes régulières sur la pêche et permettent aux scientifiques de remonter dans le temps pour explorer l'histoire de la structure des réseaux trophiques.

Les chercheurs ont réussi à reproduire l'évolution à long terme de la position dans le réseau trophique (les niches trophiques) d'espèces de poissons soumises à différentes pressions de pêche et vivant dans différents habitats marins.

Ces données ont permis aux scientifiques de modéliser les relations entre les changements de la niche trophique et le niveau des activités de pêche se déroulant dans la région au cours de la même période. "La modélisation de ces corrélations a également permis aux scientifiques d'explorer les effets des forces climatiques sur les niches trophiques afin de fournir une compréhension exhaustive de l'influence des effets des changements environnementaux sur les réseaux trophiques", explique la Dre Charlotte Sirot, chercheuse postdoctorale.

Une gestion améliorée de la pêche

Les résultats ont été les premiers à montrer que la cabillaud, l'églefin et le lieu noir avaient tous connu, depuis 1950, des changements temporaires au niveau de leur niche trophique. "Cela suggère que les effets des changements environnementaux, dus aux activités de pêche ou au climat, sont ressentis dans l'ensemble des différents habitats d'alimentation", observe la Dre Sirot.

Le résultat principal de FIMAF réside toutefois dans la forte corrélation identifiée entre, d'une part, les activités de pêche (représentées dans cette étude en termes de mortalité par pêche) et les forces climatiques (en particulier l'oscillation multidécennale de l'Atlantique) et, d'autre part, les modifications à long terme des niches trophiques des trois espèces étudiées. Les écologistes peuvent utiliser ces données et la méthodologie pour étendre cette approche à d'autres espèces et obtenir une vision encore plus détaillée de l'évolution des réseaux trophiques marins.

La connaissance des effets cachés de la pêche sur la structure des réseaux trophiques fournira donc des informations cruciales aux décideurs des autorités gouvernementales de l'UE, des comités nationaux et des professionnels locaux, en matière de gestion de la pêche et de législation. "Une analyse correctement effectuée peut servir de signal d'alerte rapide en cas de modification des écosystèmes marins", conclut la Dre Sirot.
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