Les scientifiques de l'Université de Californie à Davis ont réussi à altérer légèrement la molécule de LSD, en une nouvelle molécule baptisée JRT, en changeant la position de deux atomes. Cette modification permet de conserver les effets bénéfiques sur la neuroplasticité,
tout en éliminant les hallucinations. Les résultats, publiés dans les
Proceedings of the National Academy of Sciences, montrent un potentiel
thérapeutique significatif.
Le JRT a démontré une capacité à stimuler la croissance des connexions neuronales dans des modèles animaux. Contrairement au LSD, il n'a pas provoqué de comportements hallucinogènes ni exacerbé les symptômes de la psychose. Cette découverte ouvre la voie à des traitements plus sûrs pour les troubles neuropsychiatriques.
David E. Olson, directeur de l'Institut pour les psychédéliques et les neurothérapies, compare cette avancée à une 'rotation de pneus'. Le JRT cible spécifiquement les récepteurs de la sérotonine, essentiels pour la plasticité cérébrale, sans activer les voies responsables des hallucinations. Cette précision moléculaire est une première dans le domaine.
Les tests précliniques ont révélé que le JRT améliore la flexibilité cognitive et présente des effets antidépresseurs cent fois plus puissants que la kétamine. Ces résultats sont particulièrement prometteurs pour les patients souffrant de schizophrénie, où les traitements actuels ont une efficacité limitée sur les symptômes cognitifs.
Le développement du JRT a nécessité cinq ans de recherche et une synthèse en douze étapes. Ce composé représente une avancée majeure dans la conception de médicaments à partir de psychédéliques. Les chercheurs explorent maintenant son potentiel pour d'autres maladies neurodégénératives.
L'équipe souligne l'importance de cibler les symptômes négatifs de la schizophrénie, comme l'anhédonie, souvent négligés par les traitements actuels. Le JRT, avec son profil de sécurité amélioré, pourrait offrir une alternative aux médicaments existants, comme la clozapine, connue pour ses effets secondaires importants.
Qu'est-ce que la neuroplasticité ?
La neuroplasticité désigne la capacité du cerveau à se remodeler en formant de nouvelles connexions neuronales. Ce processus est essentiel pour l'
apprentissage, la
mémoire et la récupération après une lésion cérébrale.
Les psychédéliques comme le LSD sont connus pour stimuler la neuroplasticité, mais leurs effets hallucinogènes limitent leur utilisation thérapeutique. Le JRT, en revanche, active sélectivement les récepteurs impliqués dans ce processus sans provoquer d'hallucinations.
Cette découverte pourrait avoir des implications majeures pour le traitement des troubles mentaux, où la perte de connexions neuronales joue un rôle clé. En favorisant la croissance des neurones, le JRT pourrait aider à restaurer les fonctions cognitives altérées.