Le mot technologie possède deux acceptions de fait :
Les sciences de l'ingénieur ont à couvrir l'étude des technologies pertinentes à leur discipline. Dans une même branche, celles-ci changent avec le temps.
À cause de son aspect porteur, le mot est parfois galvaudé par les services de marketing des entreprises. Ainsi, ClearType est présentée comme une technologie alors que ce n'est qu'une technique, et on voit mal comment elle pourrait ne pas le rester. En revanche le Wi-Fi est bien aujourd'hui pour sa part une technologie comme peut l'être le HTML par exemple.
Le mot technologie renvoie à la notion d'artefact (techne en grec) et à celle de sciences (logos). La notion semble avoir été pour la première fois utilisée en 1772 par un physicien Allemand : Johann Beckmann. D’autres étymologistes situent son apparition au début du XVIIe siècle. Mais son usage populaire précède en fait de quelques années la révolution industrielle. C'est semble-t-il un professeur de Harvard, Jacob Bigelow, qui en a pour la première fois systématisé l'usage dans son ouvrage Elements of technology (1829). Botaniste et professeur à la chaire Rumford de Harvard consacrée à "l'application de la science aux arts utiles" (useful arts), Bigelow est reconnu par certains historiens américains comme un visionnaire mais aussi un fervent promoteur de la technocratie. Promoteur d’une véritable " fusion " entre les arts et la science, Bigelow va dévaloriser à la fois les savoirs fondamentaux qui ne s’articulent pas avec une pratique concrète et les techniques (les arts dans les mots de l'époque) qui s’inscrivent dans une tradition sans le recours systématique au savoir scientifique. En promouvant une sectorialisation accrue des savoirs scientifiques et une répartition scientifiques des tâches dans le domaine du travail il va fournir à la société capitaliste américaine naissante un véritable modèle d’éducation. C'est d'ailleurs sur les recommandations du professeur de Harvard que le MIT (Massachusetts Institute of Technology)empruntera son nom mais aussi de nombreuses orientations pédagogiques qui en feront un des centres de recherches technologiques les plus performants au monde (dans le domaine de la communication, de l'informatique et aujourd'hui de la robotique et de l'intelligence artificielle).
Le mot " technologie " ne désignait pas simplement pour Bigelow les " arts utiles ". Il voulait suggérer en fait la convergence qui s’opérait à l’aube de la révolution industrielle entre les arts (techne) et la science (logos). Une convergence jusqu’alors compromise par l’impossible articulation des savoirs scientifiques fragmentés et des arts nécessairement enfermés dans une tradition (ce que les membres du comité des arts et sciences américain nommaient " une routine empirique ").
Bigelow s'inscrit largement dans le sillon du "millénarisme technologique" qui anime avec ferveur l'enthousiasme scientifique et technique des nations occidentales (pour l'historien David Noble, il faut remonter au moine Bénédictin Erigène promoteur d'un salut grâce aux "arts mécaniques"). Millénarisme séculier qui renvoie plus ou moins à l'idée d'un paradis sur terre qui s'incarne désormais dans le progrès technologique (idée largement redevable aux philosophies progressistes de l'histoire européenne qui émergent au siècle des Lumières). L'une des influences majeures de cette téléologie du progrès technique fut sans aucun doute Francis Bacon : le chancelier d'Angleterre qui a initié la philosophie expérimentale, philosophie inductive qui marque une rupture fondamentale avec les approches scolastiques médiévales de la science (pour qui la nature s'appréhende par le prisme des dogmes de l'Église : la méthode "aprioriste"). Bacon était un fervent millénariste profondément imprégné de la rationalité puritaine (il restera anglican : fonctions obligent...).
Contrairement à une idée répandue, la notion de technologie et son institutionnalisation internationale entretiennent des liens forts avec les expectatives religieuses européennes et américaines des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles (le puritanisme, la franc-maçonnerie, le déisme pour ne citer qu'eux). La Royal Society de Londres, l'une des premières académies des "arts et sciences" (inspirée par l'Evangile baconien de la science) en fournit un bon exemple. Parmi ses membres, on compte une quantité incroyable de déistes (comme Isaac Newton), des unitariens descendants des puritains (comme Joseph Priestley, l'homme qui a découvert l'oxygène et qui a créé la première église unitarienne), le huguenot français expatrié en Angleterre, Jean Desaguiller (qui fut le créateur de la première loge de franc-maçonnerie spéculative). On a trop vite fait d'oublier cette généalogie de la notion de technologie qui porte un éclairage fondamental sur les espoirs suscités en occident depuis la révolution industrielle par toutes ces découvertes. Technologie et progrès apparaissent donc dès le départ intrinsèquement liés.
La technique est porteuse de changement à la seule condition de s’accompagner de changements structuraux dans la société et son organisation socio-politique selon Jacques Ellul qui est le grand critique moderne de la société technicienne, avec Ivan Illich et Lewis Mumford.
Sources :
Pour les technologies fondées sur des percées scientifiques récentes on parle habituellement de haute technologie ou nouvelles technologies. Ce domaine peut ou non apporter un avantage compétitif aux entreprises et zones géographiques (pôle de compétence) qui ont su y acquérir une avance : tout dépend du rapport performances/prix offert par l'avance en question, ainsi que de son triangle coûts/délais/qualité. Les exemples de sociétés ayant pris des faux-départs pour avoir eu trop d'avance sur le marché (Viatron, Exidy, Archimedes, AIXtron...) semblent tout aussi spectaculaires que celles de sociétés ayant acquis au cours du temps une position dominante sans être arrivées pour autant premières chronologiquement sur le marché (IBM face à UNIVAC, par exemple). Être le premier procure des avantages mais aussi des risques importants.
L'émergence d'attentes complexes de la société civile, concernant le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises, se traduit par des critères complexes sur trois piliers de performances : économiques, sociales et environnementales, auxquels il faut ajouter la gouvernance.
Ces exigences de développement durable ont été transposées depuis une vingtaine d'années dans le concept de meilleure technologie disponible.
Le respect de ces critères permet d'assurer la durabilité des produits et services, qui est susceptible de procurer un avantage compétitif durable, à condition que les règles d'évaluation du retour sur investissement soient claires.
L'avance technologique ne peut donc en aucun cas être considérée comme la balle d'argent qui fait gagner à tous les coups. Elle ne constitue qu'un facteur d'appréciation parmi d'autres. L'important est moins de suivre une mode (coûteuse vu les investissements) que d'anticiper le moins mal possible les besoins actuels et à venir. Des technologies actuellement émergentes, mais dont on ne connaît pas bien, en 2004, l'avenir sont par exemple :
Ajustement ~ Amortissement ~ Isostatisme ~ Rhéologie ~ Tribologie, frottement, usure, lubrification ~
Centrale nucléaire ~ moteur atomique
Centrale électrique ~ Pile à combustible ~ Alimentation électrique ~ Éclairage ~ Électroménager ~ Moteur électrique ~ Générateur électrique ~ Protection électrique
Moteur à combustion interne ~ Moteur à combustion externe ~ Moteur à réaction
Réfrigérateur ~ Technique du vide
Pompes
Emboutissage ~ Extrusion ~ Fonderie ~ Forge ~ Frittage ~ Moulage ~ Soudage ~ Traitement thermique ~ Traitement de surface ~Filage
Usinage ~ Tournage ~ Fraisage ~ Filetage
(Lien: Mécanique & Électronique)