Les événements El Niño extrêmes ont des conséquences climatiques désastreuses pour les pays d'Amérique du Sud en affectant tant les ressources agricoles que les infrastructures. L'étude, menée par une équipe internationale impliquant le Laboratoire d'Etudes en Géophysique et
Océanographie Spatiales (LEGOS/OMP, CNES/CNRS/IRD/UPS), montre que la variabilité des événements
El Niño du Pacifique Est augmentera sous la contrainte anthropique, en lien avec l'augmentation de la stratification
verticale de l'
océan.
Figure: Anomalies de température de surface de la mer durant le dernier El Niño du Pacifique Est (moyenne de Décembre-Janvier-Février 2015/16). La ligne blanche représente la limite des eaux à 28°C.
Des études récentes indiquent que les événements extrêmes de pluies liées aux événements El Niño sont amenés à augmenter en fréquence avec le changement climatique, avec un doublement de leur
nombre à l'
horizon de 2100 selon les projections des modèles utilisés par le GIEC pour ses rapports. Cette augmentation était expliquée par l'augmentation de la température
moyenne de surface de la mer qui favorise le développement d'épisodes de
convection, sans que les événements El Niño augmentent d'
amplitude pour autant. De fait, les projections par ces mêmes modèles des anomalies de la température de surface de la mer durant El Niño ne montraient pas d'augmentation de variabilité significative, avec peu de consensus entre les modèles.
L'étude publiée dans Nature par une équipe de chercheurs internationale (Australie, Chine, France, Pérou et États-Unis) montre que la variabilité des événements El Niño augmente bien dans un climat chaud, à condition de considérer les événements qui se développent à l'est de l'
océan Pacifique, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui sont à même de se développer en événements extrêmes. Cette étude se base sur une méthode originale de classification des événements El Niño issue de travaux antérieurs réalisés par des chercheurs du LEGOS et de leurs partenaires péruviens et chiliens , permettant en particulier de sélectionner de manière objective le centre d'action des événements du Pacifique Est et de s'affranchir des différences dans la représentation spatiale des événements El Niño entre modèles.
L'étude montre par ailleurs que l'augmentation de la variance des événements El Niño du Pacifique Est est liée à une augmentation de la stratification de l'océan
résultant du réchauffement
différentiel plus rapide des couches de surface par rapport à l'océan plus profond (dans la thermocline) sous la contrainte anthropique.