Améliorer la détection des toxines alimentaires d'origine marine

Publié par Isabelle le 21/03/2018 à 12:00
Source: CNRS-INSIS
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Chaque année, des milliers de personnes souffrent d'intoxications alimentaires causées par la consommation de produits de la mer. Une équipe du Laboratoire d'ingénierie des systèmes biologiques et procédés a publié dans la revue Environmental Research des résultats susceptibles d'améliorer les tests de détection des toxines alimentaires d'origine marine, responsables de la plus répandue de ces intoxications.


© LISBP - Hélène Martin Yken

Parmi les intoxications alimentaires dues à la consommation de produits de la mer, la plus fréquemment rencontrée à l'échelle mondiale est la Ciguatéra. Historiquement très ancienne, les grands explorateurs tels que Cook et Vasco de Gama en ont notamment été victimes. Particulièrement présente dans les régions tropicales et subtropicales, elle se rapproche aujourd'hui des eaux européennes en raison du réchauffement climatique.

Il y a une trentaine d'années, des chercheurs ont découvert l'origine de ce phénomène: des micro-algues de type Gambierdiscus qui ont tendance à proliférer dans les zones fragiles, notamment celles où les récifs coralliens sont endommagés par la pollution ou le réchauffement climatique. Ces micro-algues produisent des toxines appelées Ciguatoxines qui s'attaquent aux neurones des mollusques et poissons qui les ont ingéréesviale plancton. On parle donc de "neurotoxines". Ces toxines s'accumulent le long de la chaîne alimentaire jusqu'aux poissons de grande taille, les plus pêchés, qui peuvent alors présenter une concentration élevée en Ciguatoxines. Une fois ingérés, ces poissons et produits de la mer contaminés intoxiquent à leur tour les consommateurs, et ce d'autant plus que ces toxines ne sont détruites ni par la cuisson ni par la congélation.

Une équipe coordonnée par Hélène Martin Yken, chercheure Inra au Laboratoire d'ingénierie des systèmes biologiques et procédés (LISBP, CNRS/Inra/INSA Toulouse) a étudié ces toxines grâce à une collaboration avec le Laboratoire des micro-algues toxiques de l'Institut Louis Malardé, l'Institut de recherche pour le développement de Polynésie française et le Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (LAAS, CNRS).

Certains de ces chercheurs travaillaient de longue date sur les levures, ces micro-organismes servant fréquemment de modèle et d'outil d'étude scientifique car très proches de nos cellules. Ils ont eu l'intuition d'utiliser la levure Saccharomyces cerevisiae pour identifier l'éventuelle présence des neurotoxines. L'équipe a démontré que celles-ci n'étaient pas directement toxiques pour la levure, y compris à des concentrations élevées, mais que les cellules de Saccharomyces cerevisiae pouvaient être utilisées pour détecter et quantifier les Ciguatoxines.

Ces conclusions offrent des perspectives très intéressantes concernant l'évolution des méthodes de détection des Ciguatoxines dans les produits de la mer. Les tests actuels sont couteux et chronophages ; l'utilisation de cellules de levures pourrait permettre de faciliter la détection de ces toxines et donc, à terme, de circonscrire plus rapidement les vagues d'intoxications alimentaires.

Les chercheurs impliqués dans cette étude travaillent actuellement à améliorer la sensibilité de leurs tests afin de les rendre davantage opérationnels.

Références publication:
Ciguatoxins activate the Calcineurin signalling pathway in Yeasts: Potential for development of an alternative detection tool?
H. Martin-Yken, C Gironde, S. Derick, H.T. Darius, C. Furger, D. Laurent, M. Chinain.
Environmental Research (janvier 2018)
DOI: 10.1016/j.envres.2017.12.022.

Contact chercheur:
Hélène Martin-YkenLISBP
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